Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 104 —

nade, etc., morceaux entre lesquels il n’y a plus que le vide.

Ne répétons donc pas avec quelques gens malveillants ou légers qu’il proscrit la mélodie ; disons au contraire qu’il la prescrit, qu’il élargit son empire et la fait régner sur toutes les parties d’un opéra et sur l’orchestre même[1].

  1. Ce vieil habitué de l’orchestre a, depuis la publication de R. Wagner jugé en France, où sa protestation était citée, fait connaître son nom dans un feuilleton dramatique de Paris. H. de Lapommeraye revendiquait la paternité de ces lettres, écrites en sa prime jeunesse et me priait de le nommer dans une prochaine édition de mon livre. C’est fait.

    Il y eut encore des protestations en faveur de Wagner longtemps après la chute de Tannhæuser. La plus connue est contenue dans l’ouvrage de son admirateur Gasperini, publiée par le Ménestrel en 1866. Auparavant, dans les Troyens au Père-Lachaise, Lettre de feu Nantho, ex-timbalier soliste, ex-membre de la Société des buccinophiles et autres sociétés savantes, brochure publiée à Paris en 1863, à l’imprimerie de Towne, Ernest Thoinan prêtait à l’ombre de Méhul le langage suivant : — « Lorsque le Tannhæuser vous fut amené il y a trois ans, personne ici ne s’opposa à ce que cette partition remarquable quoique imparfaite, fût déposée au Père-Lachaise. Vous aviez tous admis les circonstances atténuantes en faveur de cet opéra. Les belles pages que nous avions admirées, à côté de quelques autres tout à fait contraires à nos idées musicales et la réception brutale et sans excuse qui lui fut faite avaient plaidé la cause de cette composition de l’infortuné Wagner. » Et Méhul concluait à la condamnation au feu de l’œuvre de Berlioz.

    L’année suivante, M. Alex. Büchner, professeur d’allemand au Lycée de Caen, membre de la Société