Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/125

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une vive irritation et une opposition jalouse[1]. Puis la passion politique profita du désordre et beaucoup d’ennemis de l’Empire allèrent siffler Tannhæuser comme ils sifflèrent plus tard Henriette Maréchal des frères de Goncourt, par esprit d’opposition.

D’autre part, l’orgueil excessif de Wagner, son insociabilité, son caractère ombrageux, ses maladresses, avaient excité les sarcasmes des petits journaux. Ses partisans et ses ennemis avaient, pendant des mois, fatigué le public de controverses et de quolibets sur la musique de l’avenir. La publication de la Lettre sur la musique, avec les jugements dédaigneux portés sur des compositeurs admirés en France[2] et les

  1. M. Weber écrivait dans le Temps du 2 mai 1887 : « Les compositeurs français étaient mécontents de voir un nouvel étranger leur barrer le chemin ; Meyerbeer avait son parti ; Verdi avait le sien ; les éditeurs de musique avaient leurs intérêts. » Berlioz, vit sa cause défendue par son ami d’Ortigue et par M. Comettant. Il y a trois allusions à Meyerbeer dans l’article de Saint-Valry, qui se termine par ces lignes significatives : « On ne saurait payer trop cher l’expérience quand on en profite. Peut-être devrons-nous à ce fiasco de Tannhœuser une apparition plus facile d’un chef-d’œuvre d’Halévy ou de Félicien David ; peut-être lui devrons-nous l'Africaine. Ainsi soit-il ! »
  2. C’est l’opinion de G. Héquet et celle qu’a récemment exprimée M. Obin. (Journal des Débats du 23 avril 1895.)