Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 80 —

C’est le grand océan de la monotonie ; c’est un infini désespérant et grisâtre, où l’on entend le morne clapotement des sept notes de la gamme qui tombent jusqu’à la consommation de la partition… La musique de l’avenir, cette musique contre nature qui blesse l’oreille sans remplir le cœur, qui foule aux pieds la mélodie saignante, qui demande à d’horribles dissonances le plaisir musical, c’est l’amour tel que le comprenaient et le pratiquaient les Césars atrophiés et le fou furieux qui fut le romancier favori du Directeur Barras.


Jouvin avait écrit cette phrase malheureuse : « La musique brutale et banale est celle qui ébranle seulement le nerf olfactif ». Auditif, Monsieur Jouvin, auditif, s’il vous plaît, observa M. Léon Leroy.

Il est regrettable qu’à l’Union, Léon Kreutzer, critique sérieux, musicien de mérite, ne fût chargé que du compte rendu des concerts. Il eût été intéressant d’avoir son opinion sur l’opéra de Wagner, au lieu de celle du feuilletonniste Sylvain Saint-Etienne. À défaut de compte rendu, j’ai retrouvé dans son journal, à la date du 16 janvier, quelques lignes dans lesquelles il présentait au public, avec assez de sympathie, l’auteur de Tannhæuser[1].

  1. Était-il vraiment favorable à Wagner ou ne pouvait-il, à l’Union, exprimer sincèrement sa pensée ?