Page:Sextus Empiricus - Les Hipotiposes pirroniennes.djvu/81

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des idées de l’entendement, puisque les uns recherchent et que les autres fuient de mêmes choses, il est aisé d’en conclure qu’ils ne sont pas tous affectés de même par les mêmes objets ; car autrement ils désireraient ou fuiraient tous également les mêmes choses. Que si ces choses-là affectent différemment les hommes, selon la diversité qui se trouve entre eux, il faut encore conclure de là que l’on doit s’arrêter à l’Époque, et s’empêcher de donner son assentiment sur quoi que ce soit, chacun pouvant dire, eu égard à sa différence particulière, de quelle manière un objet lui paraît être, mais personne ne pouvant décider, quelle est la vertu ou la qualité véritable & naturelle de cet objet.

Car enfin ou nous croirons tous les hommes, ou nous en croirons seulement quelques-uns. Si nous voulons les croire tous, nous entreprendrons une chose impossible, et nous admettrons des contradictions : que si nous en croyons seulement quelques-uns, qu’on nous dise qui sont ceux que nous devons croire préférablement aux autres. Un Platonicien nous dira qu’il faut s’en rapporter à Platon, & un Épicurien, à Épicure ; et ainsi de suite : mais justement cette contrariété confuse qui sera entre eux, nous persuadera