Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gouvernent par des principes humains[1]

  1. Qui prendra la peine de lire avec soin l’Histoire du Genre-humain, & d’examiner d’un œil indifférent la conduite des Peuples de la terre, se convaincra lui-même qu’excepté les devoirs qui sont absolument nécessaires à la conservation de la Société humaine (qui ne sont même que trop souvent violés par des societés entieres à l’égard des autres sociétés} on ne sçauroit nommer aucun principe de Morale ni imaginer aucune régle de Vertu qui dans quelque endroit du monde ne soit méprisée où contredire par la pratique générale de quelques Sociétés entiéres qui sont gouvernées par des maximes & dirigées par des régles tout-à-fait opposées à celles de quelqu’autre Société. Des Nations entieres & même des plus policées ont cru qu’il leur étoit aussi permis d’exposer leurs enfans & de les laisser mourir de faim, que de les mettre au monde. Il y a des contrées à-present où l’on ensevelit les Enfans tour vifs, avec leurs Meres, s’il arrive qu’elles meurent dans leurs couches. On les tue, si un Astrologue assure qu’ils sont nés sous une mauvaise étoile. Ailleurs, un Enfant tue, ou expose son Pere & sa Mere, lorsqu’ils sont parvenus à un certain âge. Dans un canton de l’Asie, dès qu’on désespere de la santé d’un malade, on le met dans une fosse creusée en terre, & là exposé au vent & aux injures de l’air, on le laisse périr impitoyablement. Il est ordinaire parmi les Mingreliens qui font profession de Christianisme, d’ensevelir leurs enfans tous vifs, Les Caribes les