Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/34

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on penſe ſi favorablement, qu’on permet à peine d’en faire abſtraction dans le diſcours & même dans l’eſprit. Je doute cependant que cette idée ſcrupuleuſe ſoit confirmée par la connoiſſance du monde & nous ne manquons pas d’exemples qui paroiſſent contredire cette union prétenduë. N’a-t’on pas vû des peuples qui, avec tout le zèle imaginable pour leur Religion, vivoient dans la dernière dépravation, & n’avoient pas ombre d’humanité : tandis que d’autres qui ſe piquoient ſi peu d’être religieux, qu’on les regarde comme de vrais athées, obſervoient les grands principes de la morale, & nous ont arraché l’épithete de vertueux, par la tendreſſe & l’affection généreuſe qu’ils ont euës pour le genre humain ? En général, on a beau nous aſſurer qu’un homme eſt plein de zèle pour ſa Religion ; ſi nous avons à traiter avec lui, nous nous