Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/70

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PÉRICLÈS.

battre, — et nos sujets punis d’une offense à laquelle ils n’ont pas même songé. — C’est ma sollicitude pour eux, et non mon inquiétude pour moi-même, — (moi, je ne suis rien de plus que la cime de l’arbre — protégeant et abritant les racines dont il se nourrit,) — qui fait pâtir mon corps et languir mon âme, — et qui torture d’avance celui que voudrait torturer Antiochus.

premier seigneur.

— Que la joie et le bonheur remplissent votre cœur sacré !

deuxième seigneur.

— Et jusqu’à votre retour parmi nous, puisse votre esprit demeurer — en paix et en joie !

hèlicanus.

— Paix, paix, messeigneurs, et laissez parler l’expérience — Ils abusent le roi, ceux qui le flattent ; — car la flatterie est le soufflet qui attise le vice : — ce qu’on flatte n’est qu’une étincelle — dont le souffle de l’adulation fait une flamme ardente ; — au contraire une remontrance respectueuse et modérée — convient aux rois, car ils sont hommes et peuvent faillir. — Quand, messer l’enjôleur parle de paix, — il vous flatte, en faisant la guerre à votre vie.

S’agenouillant.

— Prince, pardonnez-moi, ou frappez-moi, si vous voulez ; — je ne puis pas tomber beaucoup plus bas qu’à genoux.

PÉRICLÈS, aux autres seigneurs.

— Laissez-nous seuls, lui et moi ; mais ayez soin de vous informer — quels sont les navires en partance dans notre port, — et revenez nous le dire.

Les seigneurs sortent.

Hélicanus, — tu nous as ému : que vois-tu sur notre visage ?