Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/71

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SCÈNE II.

hèlicanus.

— Un front irrité, mon redouté seigneur.

périclès.

— S’il y a de tels éclairs dans le sourcil froncé d’un prince, — comment ta langue ose-t-elle nous faire monter la colère à la face ?

hèlicanus.

— Comment les plantes osent-elles regarder le ciel — qui les nourrit ?

périclès.

Tu sais que j’ai le pouvoir — de t’ôter la vie.

HÈLICANUS, à genoux.

J’ai moi-même aiguisé la hache ; — vous n’avez plus qu’à frapper le coup.

périclès.

Lève-toi, je le prie, lève-toi. — Assieds-toi, assieds-toi. Tu n’es pas un flatteur, — je t’en remercie. Que le ciel puissant préserve — les rois d’aimer à entendre pallier leurs fautes ! — Digne conseiller, digne serviteur d’un prince, — qui par ta sagesse fais d’un prince ton serviteur, — que veux-tu que je fasse ?

hèlicanus.

Que vous supportiez avec patience — les peines que vous vous infligez à vous-même.

périclès.

— Tu parles comme un médecin, Hélicanus ; — tu m’administres une potion — que toi-même tu tremblerais de prendre. — Écoute-moi : j’allai donc à Antioche, — où, comme tu sais, à la face même de la mort, — je cherchai à obtenir une beauté splendide, — pour en avoir une postérité — qui fût le soutien du prince et la joie des sujets. — Son visage m’apparut comme une merveille incomparable ; — le reste, (je te le dis à l’oreille,) était noir comme l’inceste. — Ma science ayant tout deviné, le père criminel, — au lieu de me