Page:Shakespeare - Œuvres complètes, Laroche, 1842, vol 1.djvu/179

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de-vie à un Irlandais, ma haquenée à un filou, que de laisser ma femme à sa propre garde. Une femme complote, rumine, projette : ce qu’au fond du cœur elle croit pouvoir faire, elle n’aura pas de repos qu’elle ne l’ait fait. Je bénis le ciel de m’avoir fait jaloux. Le rendez-vous est à onze heures : je vais mettre ordre à cela, surprendre ma femme, me venger de Falstaff, et rire aux dépens de Page. Allons-y de ce pas : mieux vaut arriver trois heures trop tôt qu’une minute trop tard. Fi ! donc fi ! fi ! cocu ! cocu ! cocu !



Scène III.

Le parc de Windsor.
Arrivent CAIUS et BARBET.

CAIUS. Jean Barbet !

BARBET. Monsieur ?

CAIUS. Jean, quelle heure est-il ?

BARBET. Il est passé l’heure à laquelle sir Hugues avait promis de se trouver ici.

CAIUS. Morbleu ! il a sauvé son âme en ne venant pas ; il est sans doute occupé à prier dans sa Bible. Morbleu ! Jean Barbet, s’il vient, c’est un homme mort !

BARBET. Il est prudent, monsieur ; il savait fort bien que s’il venait, vous le tueriez.

CAIUS. Morbleu ! je le tuerais de la bonne manière. Jean, prends ta rapière ; je vais te montrer comment je me propose de le tuer.

BARBET. Hélas ! monsieur, je ne sais pas faire des armes.

CAIUS. Drôle ! prends ta rapière.

BARBET. Arrêtez : voici du monde.

Arrivent L’HÔTE DE LA JARRETIÈRE, CERVEAUVIDE, NIGAUDIN et PAGE.

L’HÔTE. Dieu vous garde, mon brave docteur.

CERVEAUVIDE. Dieu vous conserve, monsieur le docteur Caïus.

PAGE. Bonjour, docteur.

NIGAUDIN. Je vous souhaite le bonjour, monsieur.

CAIUS. Un, deux, trois, quatre : quel motif vous amène tous ici ?

L’HÔTE. Nous venons vous voir combattre, vous voir vous