Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 5.djvu/462

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gues ; tout l’équipage a péri, lui seul s’échappe ; enfin la fortune, lasse d’être injuste, le jette sur un rivage ; il aborde, heureusement le voici. Excusez le vieux Gower de n’en pas dire davantage, il a été déjà assez long.

(Il sort.)


Scène I

Pentapolis. Plaine sur le bord de la mer.

Périclès entre tout mouillé.

Périclès : Apaisez votre colère, étoiles furieuses du ciel ; vent, pluie et tonnerre, souvenez-vous que l’homme mortel n’est qu’une substance qui doit vous céder, et je vous obéis comme ma nature le veut. Hélas ! la mer m’a jeté sur les rochers, après m’avoir transporté sur ses flots de rivage en rivage et ne me laissant d’autre pensée que celle d’une mort prochaine. Qu’il suffise à votre puissance d’avoir privé un prince de toute sa fortune ; repoussé de cette tombe humide, tout ce qu’il demande c’est de mourir ici en paix.

(Entrent trois pêcheurs.)

Premier Pêcheur : Holà ! Pilch.

Second Pêcheur : Holà ! viens et apporte les filets.

Premier Pêcheur : Moi, vieux rapetasseur, je te dis !

Troisième Pêcheur : Que dites-vous, maître ?

Premier Pêcheur : Prends garde à ce que tu fais ; viens, ou j’irai te chercher avec un croc.

Troisième Pêcheur : En vérité, maître, je pensais à ces pauvres gens qui viennent de faire naufrage à nos yeux, tout à l’heure.

Premier Pêcheur : Hélas ! pauvres âmes ! cela me déchirait le cœur, d’entendre les cris plaintifs qu’ils nous adressaient quand nous avions peine à nous sauver nous-mêmes.

Troisième Pêcheur : Eh bien ! maître, ne l’avais-je pas dit en voyant ces marsouins bondir. On dit qu’ils sont