Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 5.djvu/466

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me la rendent. Je te remercie ; mon naufrage n’est plus un malheur, puisque je retrouve le présent de mon père.

Premier Pêcheur : Monsieur, que voulez-vous dire ?

Périclès : Mes bons amis, je vous demande cette armure qui fut celle d’un roi, je la reconnais à cette marque. Ce roi m’aimait tendrement, et pour l’amour de lui je veux posséder ce gage de son souvenir. Je vous prie aussi de me conduire à la cour de votre souverain où cette armure me permettra de paraître noblement, et, si ma fortune s’améliore, je reconnaîtrai votre bienveillance ; jusqu’alors je suis votre débiteur.

Premier Pêcheur : Quoi ! voulez-vous combattre pour la princesse ?

Périclès : Je montrerai mon courage exercé à la guerre.

Premier Pêcheur : Prends donc cette armure, et que les dieux te secondent.

Second Pêcheur : Mais, écoutez-nous, l’ami, c’est nous qui avons tiré cet habit du fond de la mer ; il est certaines indemnités. Si vous prospérez, j’espère que vous vous souviendrez de ceux à qui vous le devez.

Périclès : Oui, crois-moi. Maintenant, grâce à vous, je suis vêtu d’acier ; et, en dépit de la fureur des vagues, ce joyau a repris sa place à mon bras. Il me servira à me procurer un coursier dont le pas joyeux réjouira tous ceux qui le verront. Seulement, mon ami, il me manque encore un haut-de-chausse.

Second Pêcheur : Nous vous en trouverons ; je vous donnerai mon meilleur manteau pour vous en faire un, et je vous conduirai moi-même à la cour.

Périclès : Que l’honneur serve de but à ma volonté. Je me relèverai aujourd’hui, ou j’accumulerai malheur sur malheur.

(Ils sortent.)