Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/174

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— J’espère avoir, avant peu, de bonnes nouvelles de lui, — si toute chose s’accomplit à notre satisfaction, — comme je n’en fais pas de doute.
LA REINE.

Dieu le veuille ! Cieux ! veillez sur mon Hamlet. — Mais la perte douloureuse du vieux Corambis — a percé à ce point le cœur de la jeune Ofélia — que la pauvre fille a tout à fait perdu l’esprit.

LE ROI.

Hélas ! cher cœur ! D’un autre côté, — nous apprenons que son frère est revenu de France ; — il a pour lui la moitié des cœurs de tout notre royaume, — et il n’oubliera pas facilement la mort de son père, — s’il n’est pas pacifié par quelque moyen[1].

LA REINE.

Oh ! voyez ! voici la jeune Ofélia !

Entre Ofélia, les cheveux tombants. Elle chante en jouant du luth.
OFÉLIA.

Comment puis-je reconnaître votre amoureux
D’un autre homme ? —
À son chapeau de coquillages, à son bâton,
À ses sandales.

Son linceul, blanc comme la neige des monts,
Est garni de fleurs suaves.
Il est allé au tombeau sans recevoir la pluie
Des larmes de l’amoureuse.


Il est mort et parti, madame,
Il est mort et parti,

    un dialogue entre le roi et la reine. Ici, Ofélia entre seule, là, elle entre introduite par Horatio, après avoir en quelque sorte forcé la porte de Gertrude.

  1. Dans le second Hamlet, c’est après la sortie d’Ophélia que le roi annonce à la reine l’arrivée inattendue de Laertes. V. la scène xvi du drame corrigé.