Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/175

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À sa tête une motte de gazon vert,
À ses talons une pierre.

LE ROI.

Comment vous trouvez-vous, douce Ofélia ?

OFÉLIA.

Bien. Dieu vous récompense ! — Je souffre de voir comme ils l’ont mis dans la froide terre. — Je ne puis m’empêcher de pleurer.

Et ne reviendra-t-il pas ?
Et ne reviendra-t-il pas ?
Non, non, il est parti,
Et nous perdons nos cris,
Et il ne reviendra jamais.
Sa barbe était blanche comme neige,
Toute blonde était sa tête.
Il est parti ! il est parti !
Et nous perdons nos cris.
Dieu ait pitié de son âme !

Sort Ofélia.
LE ROI.

Jolie malheureuse ! Voilà un changement, en vérité ! Ô temps ! comme nos joies s’enfuient vite. — Le bonheur ne s’apprivoise pas à coup sûr sur la terre. — Aujourd’hui nous vivons et nous rions, demain morts ! — Eh bien ! quel est ce bruit ?

Bruit derrière le théâtre.
Entre Léartes.
LÉARTES.

Restez là jusqu’à ce que je vienne. — Ô toi, roi vil, rends-moi mon père. — Parle ! dis-moi où est mon père.

LE ROI.

Mort.

LÉARTES.

Qui l’a assassiné ? Parle, je ne veux pas — qu’on jongle avec moi. Car il a été assassiné.