Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/190

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vingt frères. — Montre-moi ce que tu es prêt à faire pour elle. — Veux-tu te battre ? veux-tu jeûner ? veux-tu prier ? — Veux-tu avaler des vases ? manger un crocodile ? J’en ferai autant. — Viens-tu ici pour geindre ? — Tu parles de t’enterrer vivant ; — eh bien, restons ici, et qu’on jette sur nous — des monts entiers de terre jusqu’à ce que leur entassement — fasse l’Ossa comme une verrue !
LE ROI.

Retiens-toi, Léartes ! Maintenant il est furieux comme la mer ; — tout à l’heure il sera doux et calme comme une colombe ; — laisse donc quelque temps carrière à son humeur égarée.

HAMLET.

Pour quelle cause me maltraitez-vous ainsi, monsieur ? — Je ne vous en ai jamais donné de motif. Mais attendez un peu, — le chat peut miauler, le chien aura sa revanche.

Sortent Hamlet et Horatio.
LA REINE.

Hélas ! c’est sa folie qui le rend ainsi, — et non son cœur, Léartes.

LE ROI.

C’est vrai, seigneur. — Mais ne nous amusons plus. — Aujourd’hui même Hamlet videra son dernier verre. — Nous allons lui envoyer le cartel immédiatement. — Ainsi, Léartes, tenez-vous prêt.

LÉARTES.

Monseigneur, jusque-là mon âme n’aura pas de repos.

LE ROI.

Venez, Gertrude. Nous referons de Léartes et de notre fils — les meilleurs amis du monde, comme ils doivent l’être, — s’ils ont pour nous du respect, et de l’amour pour leur pays.