Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/235

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HAMLET.

— Ô vous toutes, légions du ciel ! Ô terre ! Quoi encore ? — Y accouplerai-je l’enfer ?… Infamie !… Contiens-toi, contiens-toi, mon cœur ! — et vous, mes nerfs, ne devenez pas brusquement séniles, — et tenez-moi raide ! Me souvenir de toi ! — Oui, pauvre ombre, tant que ma mémoire aura son siége — dans ce globe égaré. Me souvenir de toi ! — Oui, je veux du registre de ma mémoire — effacer tous les souvenirs vulgaires et frivoles, — tous les dictons des livres, toutes les formes, toutes les impressions — qu’y ont copiées la jeunesse et l’observation ; — et ton ordre vivant remplira seul — les feuillets du livre de mon cerveau, — fermé à ces vils sujets. Oui, par le ciel ! — Ô la plus perfide des femmes ! — Ô scélérat ! scélérat ! scélérat souriant et damné ! — Mes tablettes ! mes tablettes ! Il importe d’y noter — qu’un homme peut sourire, sourire, et n’être qu’un scélérat. — Du moins, j’en suis sûr, cela se peut en Danemark.

Il écrit.

— Ainsi, mon oncle, vous êtes là. Maintenant le mot d’ordre, c’est : Adieu ! adieu ! Souviens-toi de moi ! Je l’ai juré.

HORATIO, derrière la scène.

Monseigneur ! monseigneur !

MARCELLUS, derrière la scène.

Seigneur Hamlet !

HORATIO, derrière la scène.

— Le ciel le préserve !

MARCELLUS, derrière la scène.

Ainsi soit-il !

HORATIO.

Hillo ! ho ! ho ! monseigneur !

HAMLET.

— Hillo ! ho ! ho ! page ! Viens, mon faucon, viens !