Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/288

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nous touche pas. Que les rosses que cela écorche ruent, nous n’avons pas l’échine entamée.
Entre sur le second théâtre Lucianus.

Celui-ci est un certain Lucianus, neveu du roi.

OPHÉLIA.

Vous remplacez parfaitement le chœur, monseigneur.

HAMLET.

Je pourrais expliquer ce qui se passe entre vous et votre amant, si je voyais remuer les marionnettes.

OPHÉLIA.

Vous êtes piquant, monseigneur, vous êtes piquant !

HAMLET.

Il ne vous en coûterait qu’un cri, pour que ma pointe fût émoussée.

OPHÉLIA.

De mieux en pire.

HAMLET.

C’est la désillusion que vous causent tous les maris… Commence, meurtrier, laisse là tes pitoyables grimaces, et commence. Allons !

« Le corbeau croasse : Vengeance ! »

LUCIANUS.

Noires pensées, bras dispos, drogue prête, heure favorable.
L’occasion complice ; pas une créature qui regarde.
Mixture infecte, extraite de ronces arrachées à minuit,
Trois fois flétrie, trois fois empoisonnée par l’imprécation d’Hécate,
Que ta magique puissance, que tes propriétés terribles
Ravagent immédiatement la santé et la vie !

Il verse le poison dans l’oreille du roi endormi.
HAMLET.

Il l’empoisonne dans le jardin pour lui prendre ses États. Son nom est Gonzague. L’histoire est véritable et écrite dans le plus pur italien. Vous allez voir tout à