Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/350

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un crocodile ? — Je ferai tout cela… Viens-tu ici pour geindre ? — pour me défier en sautant dans sa fosse ? — Sois enterré vif avec elle, je le serai aussi, moi ! — Et puisque tu bavardes de montagnes, qu’on les entasse — sur nous par millions d’acres, jusqu’à ce que notre tertre — ait le sommet roussi par la zone brûlante — et fasse l’Ossa comme une verrue ! Ah ! si tu brailles, — je rugirai aussi bien que toi.
LA REINE.

Ceci est pure folie ! — et son accès va le travailler ainsi pendant quelque temps. — Puis, aussi patient que la colombe, — dont la couvée dorée vient d’éclore, — il tombera dans un silencieux abattement.

HAMLET, à Laertes.

Écoutez, monsieur : — Pour quelle raison me traitez-vous ainsi ? — Je vous ai toujours aimé. Mais n’importe ! — Hercule lui-même aurait beau faire !… — Le chat peut miauler, le chien aura sa revanche.

Il sort.
LE ROI.

Je vous en prie, bon Horatio, accompagnez-le.

Horatio sort.
LE ROI, à Laertes.

— Fortifiez votre patience dans nos paroles d’hier soir. — Nous allons sur-le-champ amener l’affaire au dénoûment.

À la reine.

— Bonne Gertrude, faites surveiller votre fils.

À part.

— Il faut à cette fosse un monument vivant. — L’heure du repos viendra bientôt pour nous. — Jusque-là, procédons avec patience.

Ils sortent.