Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/351

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SCÈNE XX.
[Dans le château.]
Entrent Hamlet et Horatio.
HAMLET.

— Assez sur ce point, mon cher ! maintenant, venons à l’autre. — Vous rappelez-vous toutes les circonstances ?

HORATIO.

Je me les rappelle, monseigneur.

HAMLET.

— Mon cher, il y avait dans mon cœur une sorte de combat — qui m’empêchait de dormir : je me sentais plus mal à l’aise — que des mutins mis aux fers. Je payai d’audace, — et bénie soit l’audace en ce cas !… Sachons — que notre imprudence nous sert quelquefois bien, — quand nos calculs les plus profonds avortent. Et cela doit nous apprendre — qu’il est une divinité qui donne la forme à nos destinées, — de quelque façon que nous les ébauchions.

HORATIO.

Voilà qui est bien certain.

HAMLET.

— Évadé de ma cabine, — ma robe de voyage en écharpe autour de moi, je marchai à tâtons — dans les ténèbres pour les trouver ; j’y réussis. — J’empoignai le paquet, et puis je me retirai — de nouveau dans ma chambre. Je m’enhardis, — mes frayeurs oubliant les scrupules, jusqu’à décacheter — leurs messages officiels. Et qu’y découvris-je, Horatio ? — une scélératesse royale : un ordre formel — (lardé d’une foule de raisons diverses, — le Danemark à sauver, et l’Angleterre aussi… — ah !