Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/86

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Claudius. Lorsqu’elle s’entend accuser par son fils d’avoir épousé le meurtrier de son premier mari, elle lui répond : « Aussi vrai que j’ai une âme, je jure par le ciel que je n’ai jamais rien su de cet horrible meurtre. Hamlet ! ceci n’est que de l’imagination ; par amour pour moi, oublie ces vaines visions. »

Et pour preuve de la sincérité de ses protestations, la voilà qui immédiatement entre dans le complot de son fils contre son mari.

HAMLET.

… « Mère, aidez-moi à me venger de cet homme, et votre infamie mourra par sa mort.

LA REINE.

« Hamlet, je le jure par cette majesté qui connaît nos pensées et voit dans nos cœurs : je cacherai, j’accepterai, j’exécuterai de mon mieux le stratagème, quel qu’il soit, que tu imagineras. »

Ici donc, Gertrude rachète sa faute en conspirant contre Claudius. Elle reste jusqu’au bout la confidente de son fils. Lorsque Hamlet est revenu de son périlleux voyage, Horatio accourt pour informer la reine du guet-apens auquel le prince vient d’échapper. Alors Gertrude confie à Horatio toute son horreur pour le roi assassin : « J’ai déjà remarqué chez lui une mine hypocrite qui dissimulait son infamie sous des airs sucrés ; mais je continuerai quelque temps à le caresser et à le flatter, car les âmes meurtrières sont toujours soupçonneuses. » Elle fait des vœux pour que son fils réussisse : « Oh ! n’y manquez pas, mon bon Horatio, confiez-lui mes inquiétudes de mère à son égard ; dites-lui qu’il soit quelque temps avare de sa présence, de peur qu’il n’échoue dans ce qu’il entreprend. »

Dans le second Hamlet, la reine joue un rôle tout différent. Elle est la complice de Claudius ; elle sait qu’en