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SCÈNE X.

ÉNÉE.

— À présent nous nous connaissons bien.

DIOMÈDE.

— Oui, et il nous tarde de nous connaître pire.

PÂRIS.

— Voici l’accueil le plus hostilement cordial, l’affection la plus noblement haineuse, dont j’aie ouï parler.

À Énée.

— Quelle affaire avez-vous de si bon matin, messire ?

ÉNÉE.

— Le roi m’a envoyé chercher. Pourquoi, je ne sais pas.

PÂRIS.

— Vous rencontrez ses ordres en chemin. Il s’agit de conduire ce Grec — à la maison de Calchas, et là, de lui livrer — la belle Cressida en échange d’Anténor. — Accordez-nous votre compagnie, ou même, s’il vous plaît, courez là-bas en avant de nous. Je crois positivement, ou plutôt je suis parfaitement certain, — que mon frère Troylus loge là cette nuit. — Réveillez-le, et donnez-lui avis de notre visite — et de tout ce qui la détermine. J’ai peur — que nous ne soyons bien mal venus.

ÉNÉE.

Pour cela, je vous l’assure. — Troylus aimerait mieux voir Troie emportée en Grèce — que Cressida emportée de Troie.

PÂRIS.

On n’y peut rien. — Un caprice cruel du temps — l’a voulu ainsi. Allez, seigneur, nous vous suivons.

ÉNÉE.

Salut à tous !

Il s’éloigne.
PÂRIS.

— Ah çà ! dites-moi, noble Diomède, — dites-moi sin-