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OTHELLO.

DESDÉMONA, tombant à genoux.

— Je vous le demande à genoux, que signifie votre langage ? — J’entends une furie dans vos paroles, — mais non les paroles (44).

OTHELLO.

— Eh bien, qu’es-tu ?

DESDÉMONA.

Votre femme, monseigneur, votre fidèle — et loyale femme !

OTHELLO.

Allons, jure cela, damne-toi ! — de peur que, te croyant du ciel, les démons — eux-mêmes craignent de te saisir. Donc, damne-toi doublement : — jure que tu es honnête !

DESDÉMONA.

Le ciel le sait vraiment !

OTHELLO.

— Le ciel sait vraiment que tu es fausse comme l’enfer !

DESDÉMONA.

— Envers qui, monseigneur ? envers qui ? comment suis-je fausse ?

OTHELLO.

— Ah ! Desdémona ! arrière ! arrière ! arrière !

Il sanglote.
DESDÉMONA.

— Hélas ! jour accablant !… Pourquoi pleurez-vous ? Suis-je la cause de ces larmes, monseigneur ? — Si par hasard vous soupçonnez mon — père d’être l’instrument de votre rappel, — ne faites pas tomber votre blâme sur moi. Si vous avez perdu son affection, — et moi aussi, je l’ai perdue !

OTHELLO.

Le ciel aurait voulu — m’éprouver par des revers, il