Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 14.djvu/11

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INTRODUCTION.


Les trois pièces que réunit ce volume et qui complètent le théâtre authentique de Shakespeare, démontrent la surprenante variété de cet immense esprit. Après les épopées qui résument les sanglants débats de l’histoire, après les tragédies qui entre-choquent dans de meurtriers conflits les passions humaines, après les drames qui mettent à nu toutes les affections de l’âme et y découvrent autant de plaies mortelles, voici trois lumineuses compositions, pleines de joie, d’entrain, d’allégresse, de gaîté folle. Aux catastrophes eschyliennes succède la fantaisie aristophanesque ; aux sanglots dantesques, l’éclat de rire rabelaisien.

Jusqu’ici, sur la scène de Shakespeare, l’élément comique ne nous est guère apparu que mêlé à l’élément tragique. Dans les sujets même qui lui semblaient réservés et dont elle devait régler le dénoûment, nous avons vu la comédie souvent voilée par de sombres épisodes. Mesure pour mesure, les Deux Gentilshommes de Vérone, Tout est bien qui finit bien, Beaucoup de bruit pour rien, le Songe d’une nuit d’été, la Tempête, abondent en incidents pathétiques. La mélancolie remplit Comme il vous plaira ; la terreur envahit le Marchand de Venise. Dans les trois pièces que nous allons lire, la comédie est souveraine ;