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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 14.djvu/29

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INTRODUCTION.

quatre-vingts ans et au delà. » Tous ces détails ont été ajoutés par la retouche au texte primitif publié en 1602. Un dernier raccord significatif met hors de doute l’intention du correcteur. On se rappelle que, dans la seconde partie de Henry IV, dame Quickly se donne « comme une pauvre veuve d’Eastcheap, » et que dans Henry V elle reparaît brusquement mariée à Pistolet. Eh bien, ce mariage entre l’entremetteuse et l’enseigne, que rien ne faisait prévoir dans Henry IV, est l’accomplissement de ce vœu fantasque que la pièce revisée fait prononcer par Pistolet, quand celui-ci voit sortir dame Quickly de chez Falstaff à la scène V : « Forçons de voile, donnons-lui la chasse, hissons les bastingages. Feu ! elle est ma prise, she is my prize, ou je veux que l’Océan nous engloutisse tous. »

Ainsi l’époque est bien fixée, les mésaventures de Falstaff à Windsor sont postérieures au couronnement de Henri V et à la rupture publique de sir John avec son royal ami. Le poëte a ainsi marqué puissamment l’écart final entre ces deux existences autrefois mêlées par la camaraderie. Tandis que Hal va se développer dans la gloire, Falstaff va progresser dans la honte. Pendant que le prince régénéré, épuré, transfiguré, marche de triomphe en triomphe, et devient à Azincourt la plus lumineuse incarnation de la patrie anglaise, Falstaff, disgracié, ne sachant même pas se contenter de la pension qu’il doit à une aumône princière, endetté incessamment par ses appétits croissants, empêtré de plus en plus dans la crapule, dégénérant indéfiniment dans la matière, désespérément envahi par la décrépitude, n’est plus qu’un fantoche grotesque bon à amuser des enfants, et qu’un Cassandre ridicule berné par des provinciales !

Grâce à l’heureuse modification ainsi apportée par le poëte à son œuvre, les Joyeuses Épouses de Windsor,