Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 3.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE I, SCÈNE II. 27

ROSALINDE. — A votre volonté. — Adieu. (Soi-tent Rosalinde et Célia.)

OIRLANDO. — Quel trouble lie ma langue de tels liens ? Je ne puis lui parler, cependant elle provoquait un entretien. 0 pauvre Orlando, tu es abattu ! Charles ou quelqu’un de plus faible te maîtrise.

Rentre LEBEAU.

LEBEAU. — Mon bon Monsieur, je vous donne le conseil amical de quitter ces lieux. Quoique vous ayez mérité de hautes louanges, de sincères apjilaudissements, et une grande sympathie, tel est cependant l’état d’esprit du duc qu’il interprète mal tout ce que vous avez fait. Le duc est quinteux ; bref, il vous appartient davantage de juger ce qu’il est qu’à moi de vous le dire.

ORLANDO. — Je vous remercie, Monsieur : et je vous en prie, dites-moi ceci : des deux dames qui assistaient à la lutte, laquelle est la fille du duc ?

LEBEAU. — Aucune des deux n’est sa fille, si nous les jugeons sur leurs manières : cependant, pour dire vrai, c’est la plus petite qui est sa fille ; l’autre est la fille du duc banni, retenue ici par son oncle l’usurpateur pour tenir compagnie à sa fille ; leur affection mutuelle est plus tendre que l’amitié naturelle de deux sœurs. Mais je puis vous dire que tout récemment le duc a conçu du déplaisir contre sa charmante nièce, déplaisir qui n’est fondé sur aucun autre motif, si. ce n’est que le peuple la loue pour ses vertus et s’apitoye sur.elle par amour pour son bon père ; sur ma vie, son animosité contre la dame éclatera soudainement. Adieu, Monsieur ; dans un monde meilleur que celui où nous vivons, je solliciterai de vous une amitié et une connaissance plus étroites.

ORLANDO.—Je vous reste irès-obligé : portez-vous bien. (Sort Lebeau.) Ainsi il faut donc que je tombe de fumée en

brasier ; de duc tyran en frère tyran : mais 0 céleste

RoEalinde ! (Ilsort.)