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26 COMME IL VOUS PLAIRA.

honorable, mais’je l’ai toujours rencontré parmi mes ennemis. Tu m’aurais plu davantage par l’action que tu viens d’accomplir, si tu étais descendu d’une autre maison. Mais, adieu, tu es un vaillant jeune homme ; je voudrais que tu m’eusses nommé un autre père. (Sortent le duc Frédéric, sa suite cl Lebeau.)

CÉLIA. — Si j’étais à la place de mon père, aurais-je agi ainsi, cousine ?

ORLANDO. — Je suis fier d’être le fils de sire Roland, son plus jeune fils, et je ne voudrais pas changer ce titre contre celui d’héritier adoptif de Frédéric.

ROSALINDE. — Mon" pjère aimait sire Roland comme

son âme et le monde entier était du sentiment de mon

père : si j’avais su plus tôt que ce jeune homme était

■ son fils, j’aurais ajouté des larmes à mes instances plutôt

que de le laisser s’exposer ainsi.

CÉLIA.—Aimable cousine, allons lui porter nos remercînients et nos encouragements ; l’humeur bigilale et vindicative que lui a montrée mon père me blesse au cœur. — Monsieur, vous avez bien mérité ; si vous tenez vos promesses en amour aussi bien que vous avez tout à l’heure défiasse toute promesse, votre maîtresse sera heureuse.

ROSALINDE. — Gentilhomme, portez ceci pour l’amour de moi. (Elle retire sa chatne de son cou et la lui donne.) Je suis en querelle avec la fortune, et.je donnerais davantage si ma main en avait les moyens. Partons-nous, cousine ?

CÉLIA. — Oui. Adieu, beau gentilhomme.

ORLANDO. — Ne puis-je donc pas dire, je vous remercie ? Mes meilleures facultés sont toutes abattues et ce qui reste en moi debout n’est qu’un poteau déjoute, un pur bloc insensible 3.

ROSALINDE. — Il nous rappelle. Mon orgueil est tombé avec ma fortune ; je vais lui demander ce qu’il veut. E.’tcc. que vous appelez, Monsieur ?-Monsieur, vous avez bisn lutté ; vous avez renversé plus que vos ennemis.

CÉLIA. — Partons-nous, cousine ?