Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/106

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Ce que c’est que la nature humaine ! Posthumus, là tête qui se dresse maintenant sur tes épaules sera tombée d’ici à une heure ; ta maîtresse sera violée, tés vêtements mis en pièces sous tes yeux : et tout cela fait, je la ramènerai à son père à coups de pied. Peut-être sera-t-il bien un peu courroucé de ce traitement légèrement brutal ; mais ma mère, qui sait gouverner sa mauvaise humeur, fera tourner tout Cela à ma louange. Mon cheval’est attaché en lieu sûr : dehors, mon épée, et pour un cruel dessein ! Fortune, fais-les tomber sous ma main ! C’est la description même qui m’a été donnée de leur lieu de rendez-vous, et ce garçon n’oserait pas me tromper. (Il sort.)

SCÈNE II.

Devant la grotte dé BELARIUS.
Sortent de la grotte BELARIUS, GUIDERIUS, ARVIRAGUS et IMOGÈNE.

BELARIUS, à Imogène. — Vous n’êtes pas bien : restez ici dans la grotte ; nous vous retrouverons après la chasse.

ARVIRAGUS, à Imogène. — Frère, reste ici : ne sommes-nous pas des frères ?

IMOGÈNE. — Oui, comme l’homme devrait être le frère. de l’homme ; mais une argile diffère d’une autre par la dignité, et cependant leurs poussières sont égales. Je suis très-malade.

GUIDERIUS. — Allez chasser ; je resterai avec lui.

IMOGÈNE. — Je ne suis pas si malade que cela, — cependant je fie suis pas bien ; mais je ne suis pas un citadin efféminé, comme ceux qui ont l’air de mourir avant d’être malades : ainsi, je vous en prie, laissez-moi ; ne renoncez pas à votre course journalière ; rompre avec ses habitudes, c’est rompre avec tout. Je suis malade ; mais vous ne pourriez me guérir en restant avec moi : la société n’est pas un soulagement pour quelqu’un qui n’est pas en dispositions sociables : je ne suis pas d’ailleurs