Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/105

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ACTE IV.

SCÈNE PREMIÈRE.

En BRETAGKE, - Le pays de GALLES. — La forêt près de la grotte de BEIARIUS.

Entre CLOTEN.

CLOTEN. — Me voici près de la place où ils devaient se rencontrer, si Pisanio m’a dressé exactement son itinéraire. Comme ses habits me chaussent bien ! Et pourquoi sa maîtresse qui fut faite par celui qui fît le tailleur ne me chausserait-elle pas bien aussi ? d’autant mieux,pardon du mot, — qu’on dit qu’une femme vous chausse, pour dire qu’on serait aise de la posséder (a). Je m’en vais en conséquence me mettre à l’oeuvre. — J’ose me le déclarer à moi-même, — car il n’y a pas de vaine gloire pour un homme à conférer avec son miroir dans sa propre chambre, — les lignes de mon corps sont aussi bien dessinées-que celles du sien ; je ne suis pas moins jeune, je suis plus fort, je ne lui suis pas inférieur par la fortune, j’ai sur lui l’avantage des circonstances, je lui suis supérieur par la naissance, je suis aussi expérimenté que lui dans la guerre générale, et je suis plus remarquable dans les combats singuliers : et cependant cette créature sans discernement l’aime au mépris de moi.

(a) Il y a là une espèce d’équivoque qui porle sur les différentes significations du mot fa, convenable et accès. La phrase traduite littéralement serait celle-ci : « Eli pourquoi sa maîtresse ne me conviendrait-elle pas ? D’autant mieux, —"pardon du mot, — qu’on dit que la convenance d’une femme arrive par accès. »