Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/123

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SCÈNE IV.

Le pays, de GALLES. — Devant la grotte de BELARIUS.
Entrent BELARIUS, GUIDERIUS et ARVIRAGUS.

GUIDERIUS. — Le tapage est grand autour de nous.

BELARIUS. — Éloignons-nous-en.

ARVIRAGUS. — Quel plaisir, Seigneur, trouvons-nous dans la vie, pour la soustraire ainsi à toute action et à toute aventure ?

GUIDERIUS. — Et d’ailleurs quel espoir ayons-nous en nous cachant ? Dé cette façon les Romains ou bien nous tueront comme Brelons, ou bien nous accepteront comme des révoltés barbares, fils ingrats dé leur patrie, et nous tueront après s’être servis de nous.

BELARIUS. — Mes fils, nous monterons plus haut sur les montagnes ; là nous nous mettrons en sûreté. Il ne faut pas songer à nous joindre au parti du roi : la mort récente de Cloten, — nos personnes n’étant ni connues, ni enregistrées sur les rôles de l’armée, — pourrait bien nous valoir un interrogatoire pour nous faire dire où nous avons vécu, interrogatoire, qui finirait par nous arracher l’aveu de noire action, dont le châtiment serait la mort par la torture.

GUIDERIUS. — Seigneur, c’est là une supposition qui en temps pareil vous fait peu d’honneur, et qui ne nous satisfait pas.

ARVIRAGUS. — Il n’est guère probable que les Bretons, entendant de si près le hennissement des chevaux romains, contemplant les feux de campements de leurs ennemis, ayant les yeux et les oreilles si fort occupés, aillent perdre leur temps à nous remarquer et à se demander d’où nous venons.

BELARIUS. — Oh ! je suis connu de beaucoup de gens dans l’armée, et vous le voyez, les nombreuses années n’avaient pu effacer Cloten de ma mémoire, quoiqu’il fût enfant lorsque je l’avais vu. D’ailleurs le roi n’a mérité