Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/148

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POSTHUMUS. — Pends ici comme un fruit, mon âme, jusqu’à ce que l’arbre meure !

CYMBELINE. — Eh bien, qu’est-ce à dire, ma chair, mon enfant ? Est-ce que tu nie prends pour le Jocrisse de cette pièce ? Ne vas-tu pas me parler ?

IMOGÈNE, s’agenouillant. — Vôtre bénédiction, Sire.

BELARIUS, à Guiderius et à Arviragus. — Vous aimiez ce jeune homme et je ne vous en blâme pas ; vous aviez un motif pour cela.

CYMBELINE. — Que mes larmes qui tombent soient pour toi une eau de bénédiction ! Imogène, ta mère est morte.

IMOGÈNE. — J’en suis désolée, Monseigneur.

CYMBELINE. — Oh ! elle ne valait rien, et c’est grâce à elle que nous nous retrouvons ici d’une manière si étrange : mais son fils est parti, nous ne savons pourquoi, ni où il est.

PISANIO. — Monseigneur, maintenant que je n’ai plus de craintes, je dirai la vérité. Lorsque le Seigneur Cloten connut l’absence de Madame, il vint à moi, l'épée tirée, l’écume à la bouche, et jura que si je ne lui découvrais pas quelle route elle avait prise, il allait me tuer sur-le-champ. Par hasard j’avais alors dans ma poche une lettre que mon maître avait écrite par feinte : les indications de cette lettre lui apprirent qu’il devait la chercher dans les montagnes près de Milford ; dans un accès de frénésie, il endosse les vêtements de mon maître qu’il m’avait contraint de lui donner, et part en toute hâte avec des projets impudiques, et avec serment de violer l’honneur de Madame : ce qui est’advenu de lui ensuite, je ne le sais pas.

GUIDERIUS. — Permettez-moi d’achever l’histoire : je l’ai tué à l’endroit que vous dites.

CYMBELINE. — Vraiment ? veuillent les Dieux que non ! je ne voudrais pas que tes, nobles actions fussent récompensées, par une dure sentence arrachée, à mes lèvres : je t’en prie, vaillant jeune homme, renie tes paroles.

GUIDERIUS. — J’ai dit, et j’ai fait comme je Je dis.

CYMBELINE. — C’était un prince