Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/16

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AVERTISSEMENT.

Cymbeline fut imprimé pour la première fois dans l’in-folio de 1623. Nul document n’établit la date de cette délicieuse production, mais heureusement cette date se dénonce elle-même. Cymbeline appartient en toute évidence à la suprême période de la vie de Shakespeare, comme le Conte d’hiver, comme la Tempête, dont il présente tous les caractères de composition et de style. Nous reviendrons tout à l’heure sur ce point important : bornons-nous, pour le moment, à accepter la date de 1609 donnée par Malone comme celle de la composition, de cet adorable ouvrage.

Cymbéline est sorti de la combinaison tout à fait étrange et à peu près inexplicable d’un conte de Boccace et de quelques fragments de la chronique d’Hollinshed se rapportant aux guerres des anciens Bretons contre les Romains. La nouvelle de Boccace est-elle la seule source où Shakespeare ait puisé ? La plupart des critiques et éditeurs de Shakespeare n’en admettent pas d’autre, même M. Staunton qui dans sa trop courte notice placée en tête de Cymbeline a mentionné cependant un des contes d’un vieux recueil d’histoires amusantes bizarrement intitulé : « À l’Ouest pour les éperlans[1], ou le salaire du batelier de

  1. Ce mot doit probablement s’entendre au figuré. L’éperlan étant un poisson dont la chair est très-délicate, cette expression équivaut sans doute à quelque chose comme : « à l’ouest pour les histoires curieuses, les contes friands. »