Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/51

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de parler ; vos pensées ont plus de-gravité que vos paroles, j’espère.

IACHIMO. — Je suis le maître de mes paroles, et j’entreprendrai ce que j’ai dit, je le jure.

POSTHUMUS. — Vous le voulez ? soit ; après tout, cela consistera simplement à mettre mon diamant en dépôt jusqu’à votre retour. — Arrêtons des conventions entre nous : ma maîtresse surpasse en vertu l'énormité de vos indignes pensées : j’ose tenir ce pari contre vous ; voici ma bague.

PHILARIO. — Je ne veux pas de ce pari.

IACHIMO. — Par les dieux, c’est chose faite. Si je ne vous apporte pas de preuve suffisante que j’ai joui de la plus délicieuse partie du corps de votre maîtresse, mes dix mille ducats sont à vous, ainsi que votre diamant : si j’échoue, et si je la quitte en la laissant en possession de cet honneur auquel vous avez confiance, elle votre joyau, cet autre joyau-ci, et mon or sont à vous ; — pourvu toutefois que j’aie votre recommandation pour l’entretenir plus librement.

POSTHUMUS. — J’accepte ces conventions ; dressons les articles entre nous. Seulement vous aurez à répondre à ces deux conditions : si vous exécutez votre voyage, et que vous me fassiez bien positivement comprendre que vous l’avez conquise, je ne suis pas plus longtemps votre ennemi ; elle n’est pas digne de notre différend : mais si elle, n’est pas séduite, — vos discours ne donnant pas la preuve du contraire, — vous me répondrez avec votre épée, et de votre mauvaise opinion, et de la tentative que vous aurez faite contre sa chasteté.

IACHIMO. — Votre main, affaire conclue : nous allons Taire dresser ces conventions par conseil légal, et puis droit en Bretagne, afin, que l’affaire ne se refroidisse pas et ne tombe pas dans l’eau. Je vais aller chercher mon or et faire dresser acte de nos deux enjeux.

POSTHUMUS. — Accordé. (Sortent Posthumus et Iachimo.)

LE FRANÇAIS. — Cela tiendra-l-il, croyez-vous ?