Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/52

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PHILARIO. — Le seigneur Iachimo ne reculera pas. Je vous en prie, suivons-les. (Ils sortent.)

SCÈNE V.

En BRETAGNE. — Un appartement dans le palais de CYMBELINE
Entrent LA REINE, des DAMES, et CORNÉLIUS.

LA REINE. — Pendant que la rosée est encore sur la terre, rassemblez ces fleurs ; dépêchez-vous : qui en a la note ?

PREMIÈRE DAME. — Moi, Madame.

LA REINE. — Dépêchez-vous. {Sortent les Dames.) Maintenant, Monsieur le docteur, avez-vous apporté ces drogues ?

CORNÉLIUS. — Oui, plaise à Votre Altesse : les voici, Madame (il lia présente une petite botte) : mais je le déclare à Votre Grâce, si je puis vous adresser cette question sans offense, ma conscience m’oblige à vous demander pourquoi vous m’avez commandé ces mixtures d’un poison très-actif, mixtures qui sont les moyens d’amener une mort lente, mais qui quoique lente est certaine ?

LA REINE. — Je m’étonne, docteur, que tu m’adresses une telle question. ’N’ai-je pas été longtemps ton élève ? Ne m’as-tu pas appris à faire des parfums ? à distiller ? à faire des conserves ? oui, et cela si bien que notre grand roi me câline souvent pour avoir de la confiserie de ma façon ? Étant allée aussi loin dans cet art, — à moins que tu ne me juges diabolique, — n’est-il pas logique que je veuille pousser mes connaissances dans une autre province de la science ? Je veux essayer la force de ces mixtures-ci sur des créatures qui ne valent pas la peine d’être pendues, — mais non sur aucune créature humaine, — afin d’éprouver leur vigueur, d’appliquer des antidotes à leur action, et par ce moyen d’arriver à me rendre compte de leurs vertus et de leurs effets divers.