Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/61

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votre Seigneur, moi-même, et d’autres nobles amis, qui sommes associés dans l’affaire.

IMOGÈNE. — Quelle est-elle, je vous prie ?

IACHIMO. — Une douzaine de Romains de notre société, et votre époux, — la plus belle plume de notre aile,se sont cotisés afin d’acheter un présent pour l’empereur, acquisition que moi, comme chargé d’affaires des autres, j’ai faite en France : elle se compose de pièces d’argenterie d’un goût rare, et de joyaux d’une forme riche et exquise ; leur valeur est grande, et je suis quelque peu désireux, à cause de ma qualité d’étranger, de les déposer en lieu sûr : vous plairait-il de les prendre sous votre protection ?

IMOGÈNE. — Volontiers ; et j’engage mon honneur pour leur sécurité : puisque mon époux est intéressé à ces objets, je les garderai dans ma chambre à coucher.

IACHIMO. — Ils sont dans un coffre surveillé par mes gens : je prendrai la hardiesse de vous les envoyer seulement pour cette nuit ; je dois m’embarquer demain.

IMOGÈNE. — Oh, non, non.

IACHIMO. — Si, je vous en conjure ; sans cela, je manquerais à ma parole en retardant mon retour. Après avoir quitté la France, je ne traversai la mer que dans le dessein de voir Votre Grâce et pour remplir la promesse que j’avais faite de la voir.

IMOCÈNE. — Je vous remercie pour vos peines ; mais ne partez pas demain !

IACHIMO. — Oh ! il le faut, Madame ; par conséquent, s’il vous plaît d’envoyer à votre Seigneur vos compliments par écrit, faites-le ce soir, je vous prie : j’ai dépassé le temps qui m’était accordé, circonstance importante pour notre présent qui doit être offert au jour voulu.

IMOGÈNE. — J’écrirai. Envoyez-moi votre coffre ; il sera gardé avec sûreté, et vous sera rendu fidèlement. Vous êtes le très-bienvenu. (Ils sortent.)