Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/63

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CLOTEN. — Je ne suis vexé de rien sur la terre autant que de cette contrainte ! la vérole soit d’elle ! J’aimerais, bien mieux n’être pas aussi noble que je le suis ; ils n’osent pas se battre avec moi, parce que la reine est ma mère : le premier goujat de Jacquot venu peut se battre tant et aussi souvent que le cœur lui en dit, et moi, il me faut aller et venir comme un coq que personne ne peut attaquer sur un pied d’égalité.

SECOND SEIGNEUR, a part. — Vous êtes le coq, et le chapon aussi ; et vous faites cocorico, coq, votre crête baissée.

CLOTEN. — Tu dis ?’

SECOND SEIGNEUR. — Je dis qu’il ne convient pas que Votre Seigneurie donne satisfaction à tout compagnon qu’elle offense.

CLOTEN. — Non, je sais cela : mais il convient que j’offense mes inférieurs.

SECOND SEIGNEUR. — Oui, cela convient à Votre Seigneurie seulement.

CLOTEN. — Eh bien, c’est ce que je dis.

PREMIER SEIGNEUR. — Avez-vous entendu parler d’un étranger qui est arrivé à la cour ce soir ?

CLOTEN. — Un étranger, et je n’en sais rien !

SECOND SEIGNEUR, à part. — Il est un étrange compagnon lui-même, et il n’en sait rien.

PREMIER SEIGNEUR. — Il est arrivé un Italien, et à ce qu’on croit, un ami de Leonatus.

CLOTEN. — Leonatus ! Un gredin banni ; et cet individu en est un autre, quel qu’il soit. Qui vous a parlé de cet étranger ?

PREMIER SEIGNEUR. — Un des pages de Votre Seigneurie.

CLOTEN. — Serait-il convenable que j’allasse lui faire visite ? N’y aurait-il pas dérogation à cela ?

PREMIER SEIGNEUR. — Vous ne pouvez déroger, Monseigneur.

CLOTEN. — Cela me serait difficile, je le crois.

SECOND SEIGNEUR, à part. — Vous êtes un sot garanti ;