Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/64

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par conséquent vos actes, étant stupides, ne dérogent pas.

CLOTEN. — Allons, j’irai voir cet Italien ; ce que j’ai perdu aux boules aujourd’hui, je le lui gagnerai ce soir. Allons, partons.

SECOND SEIGNEUR. — Je vais suivre Votre Seigneurie. (Sortent Cloten et le premier Seigneur.) Dire qu’une diablesse aussi rusée que sa mère a pu mettre au monde cet âne ! une femme qui triomphe de tout avec sa têtes et voilà son fils qui est incapable de retenir que deux ôtés de vingt, reste dix-huit. Hélas ! pauvre princesse, divine Imogène, que ne te faut-il pas endurer, placée entre un père gouverné par ta belle-mère, une belle-mère qui machine des complots à toute heure, et un amoureux plus haïssable encore que ne sont haïssables l’indigne expulsion de ton cher mari et l’acte horrible du divorce qu’il voudrait te porter à commettre ! Puissent les cieux conserver’ inébranlables -les remparts de ton précieux- honneur ! qu’ils préservent contre toute secousse ce temple, ta belle âme, afin.que tu puisses te maintenir pour posséder un jour ton époux banni et ce grand royaume ! (Il sort.)

SCÈNE II.

Une chambre à coucher dans le palais de CTMBELINE. Un coffre est placé dans un coin.

IMOGÈNE est au lit, lisant ; UNE DAME DE COMPAGNIE est de service dans sa chambre.

IMOGÈNE. — Qui est là ? est-ce Hélène, ma dame de compagnie ?

LA DAME. — Oui, s’il vous plaît, Madame.

IMOGÈNE. — Quelle heure est-il ?

LA DAME. — Près de minuit, Madame.

IMOGÈNE. — En ce cas, j’ai lu trois heures : mes yeux sont fatigués : plie la page à l’endroit où je me suis arrêtée : va te coucher : n’enlève pas le flambeau, laisse-le