Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/75

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barques : cet ouvrage est si merveilleusement exécuté, si riche, que la main-d’œuvre y lutte avec la valeur, des matières ; je me demandai avec étonnement comment cet ouvrage pouvait avoir été poussé à ce point de perfection et de réalité, puisque la vie qui y palpitait était....

POSTHUMUS. — C’est exact ; mais vous avez pu entendre parler de cet ouvrage, ici même, par moi, ou bien par quelque autre.

IACHIMO. — D’autres particularités justifieront la connaissance que j’ai d’elle.

POSTHÙMUS. — C’est ce qu’elles doivent faire en effet, sinon, vous portez atteinte à votre honneur.

IACHIMO. — La cheminée est au sud de la chambre, et le manteau de cette cheminée représente la chaste Diane se baignant : je ne vis jamais figures qui parussent si capables de se révéler par la parole : le sculpteur fut une seconde nature, mais une nature muette ; il la dépassa, le mouvement et le souffle étant exceptés.

POSTHUMUS. — C’est encore là une chose que vous aurez pu recueillir de la bouche d’autrui, l’œuvre étant en effet très-renommée.

IACHIMO. — Le plafond de la chambre est animé de chérubins dorés : les chenets, — je les avais oubliés, — sont deux Cupidons aveugles en argent, debout sur un pied, et prenant délicatement leurs points d’appui sur leurs flambeaux.

POSTHUMUS. — Et ce sont là vos preuves contré son honneur ! Accordons que vous avez vu tout cela, — et donnons de justes louanges à la fidélité de votre mémoire, — la description de ce qui se trouve dans sa chambre ne peut vous faire gagner le pari que vous avez engagé.

IACHIMO. — Eh bien, en ce cas, pâlissez, si cela vous est possible : je demande seulement la permission de faire prendre l’air à ce joyau : voyez ! (Il produit le bracelet.) Et maintenant le voilà serré de nouveau : il doit être marié à votre diamant ; je les garderai ensemble.