Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/96

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CYMBÉLINE. — Lucius a déjà écrit à l’empereur quelle tournure les choses prenaient ici. Il nous convient donc de préparer à temps nos chariots et nos cavaliers : les forces qu’il a déjà en Gaule seront bien vite rassemblées et dirigées sur la Bretagne pour cette guerre.

LA REINE. — Il n’y a pas à s’endormir ; il faut nous mettre en mesure promptement et vigoureusement.

CYMBÉLINE. — Nous nous attendions si bien que les choses se passeraient ainsi que nous avons pris nos avances. Mais mon aimable reine, où est notre fille ? elle n’a pas paru devant le Romain, et elle n’est pas venue nous rendre ses devoirs de chaque jour : elle nous fait l’effet d’avoir à notre égard plus de malice que de respect : nous avons déjà fait cette remarque. — Mandez-la devant nous, car nous avons supporté trop débonnairement sa conduite. (Sort un serviteur.)

LA REINE. — Royal Sire, depuis l’exil de Posthumus, sa vie a été très-retirée : il faut attendre du temps la guérison, Monseigneur. Je conjure Votre Majesté de lui épargner les paroles dures : c’est une Dame si sensible aux reproches, que les paroles sont pour elle des coups, et les coups la mort.

Rentre LE SERVITEUR.

CYMBELINE. — Où est-elle, Monsieur ? Comment justifie-t-elle ses mépris ?

LE SERVITEUR. — Ne vous en déplaise, Sire, tous ses appartements sont fermés à clef, et le plus fort tapage que nous puissions faire n’obtient aucune réponse.

LA REINE. — Monseigneur, la dernière fois que je suis allée la voir, elle m’a priée de l’excuser, si elle gardait la chambre ; sans cette indisposition.qui la retient, elle n’aurait pas manqué de venir vous rendre les devoirs qu’elle est tenue de vous offrir chaque jour : voilà ce qu’elle m’avait chargée de vous dire ; mais la grande cour qu’il nous a fallu tenir a mis ma mémoire en faute.

CYMBELINE. — Ses portes fermées à clef ? et on ne l’a