pas vue dans ces dernières heures ? Fassent les deux que mes craintes soient fausses ! (Il sort.)
LA REINE. — Mon fils, suivez le roi, entendez-vous.
CLOTEN. — Cet homme de sa confiance, Pisanio, son vieux serviteur, je ne l’ai pas vu de ces deux derniers jours.
LA REINE. — Allez, voyez vous-même. (Sort Cloten.) Pisanio, toi qui tiens si fort pour Posthumus ! — Il a reçu de moi une drogue : je prie les Dieux que son absence vienne de ce qu’il l’a avalée ; car il croit que c’est une chose très-précieuse. Mais quant à elle, ou est-elle allée ? Peut-être le désespoir l’a-t-il- saisie ? ou bien, ailée par la ferveur de son amour, peut-être s’est-elle envolée vers son désiré Posthumus ? Elle est allée soit à la mort, soit au déshonneur, et je puis tirer bon profit pour mon but de l’une ou de l’autre circonstance. Elle de moins, je dispose de la couronne de Bretagne.
LA REINE. — Eh bien, mon fils ?
CLOTEN. — Elle s’est enfuie, c’est certain. Entrez, et apaisez le, roi, il est en rage ; personne n’ose l’approcher.
LA REINE. — Tant mieux : puisse cette nuit ne pas lui permettre de voir le jour de demain ! (Elle sort.)
CLOTEN. — Je l’aime et je la hais, car elle est belle et royale : toutes les qualités dignes d’amour, elle les a plus exquises qu’aucune Dame, que toutes les Dames, qu’aucune femme ; elle a ce qu’il y a de mieux dans chacune, et composée de parties de toutes, elle les dépasse toutes, et c’est pourquoi je l’aime : mais en me dédaignant et en portant ses faveurs sur le bas Posthumus, elle fait tellement tort à son jugement que tout ce qu’elle a de rare en disparaît : cela étant, je conclurai en la haïssant, bien mieux, en me vengeant d’elle. Car lorsque les sots seront....
Entre PISANIO. CLOTEN. — Qui est ici ? Ah ! ah ! est-ce que vous êtes