Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/99

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— Maraud, si tu voulais bien ne pas être un scélérat, mais être pour moi un loyal serviteur, remplir avec une sérieuse exactitude tous les offices dont j’aurais besoin de te charger, — autrement dit accomplir directement et franchement n’importe quelle scélératesse que je t’ordonnerais, — je te regarderais comme.un honnête homme ; mes ressources ne te feraient pas défaut pour tes besoins, ni ma voix pour ton avancement.

PISANIO. — Bien, mon bon Seigneur ?

CLOTEN. — Veux-tu me servir ? — Puisque tu as pu rester attaché constamment et patiemment à la fortune indigente de ce mendiant de Posthùmus, il ne se peut pas que la reconnaissance ne fasse de toi mon zélé serviteur. Veux-tù me servir ?

PISANIO. — Oui, Seigneur.

CLOTEN. — Donne-moi ta main ; voici ma bourse. As-tu en. ta possession quelques-uns des vêtements de ton dernier maître ?

PISANIO. — Oui, Monseigneur ; j’ai à mon logement le vêtement même qu’il portait le jour où il prit congé de ma Dame et maîtresse.

CLOTEN. — Le premier service que tu me rendras sera d’aller me chercher ce vêtement, et de me le porter ici : que ce soit ton premier service ; va.

PISANIO. — Oui, Monseigneur. (Il sort.)

CLOTEN. — Te rencontrer ’à Milford-H.aven ! J’ai oublié de lui demander une chose ; je tâcherai d’y penser tout à l’heure : — c’est là, là même, que je te tuerai, scélérat de Posthùmus ! — Je voudrais que ces vêtements fussent apportés. Elle a dit une fois, ~je vomis à cette heure le fiel que cela m’a mis au cœur, — qu’elle tenait le simple vêtement de Posthùmus en plus de respect que nia noble personne toute entière, avec toutes les qualités dont elle est ornée. Je me saisirai d’elle avec ce vêtement sur mon dos : d’abord, je le tuerai, lui, et cela sotss ses yeux, à elle ; par là, elle verra ma valeur, ce qui sera. : un. tourment pour son mépris. Lui une fois à terre, quand j’aurai fini d’insulter son cadavre, et que