Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/100

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j’aurai satisfait ma luxure (chose que j’exécuterai comme je le dis sous les habits qu’elle a loués si fort, afin de la vexer), je vous la reconduis vers la cour, et je lui fais faire la route à pied. Elle prenait un malin plaisir à me mépriser, je prendrai un malin plaisir à me venger.

Rentre PISANIO avec les vêtements.

CLOTEN. — Sont-ce là les vêtements ?

PISANIO. — Oui, mon noble Seigneur.

CLOTEN. — Combien y a-t-il de temps qu’elle est partie pour Milford-Haven ?

PISANIO. — C’est à peine si elle peut y être rendue.

CLOTEN. — Porte ces hardes dans ma chambre ; c’est la seconde chose que je te commande ; la troisième, c’est d’être un muet volontaire sur mon -dessein. Sois seulement bon serviteur, et un bon avancement ne te manquera pas. — Ma vengeance est maintenant à Milford : que n’ai-je des ailes pour la poursuivre ! — Va, et sois loyal. (Il sort.)

PISANIO. — Tu me recommandes ce qui serait ma perte : car être loyal envers toi serait me montrer déloyal, — ce que je ne serai jamais, — envers celui qui est la loyauté même. — Cours à Milford pour n’y pas trouver celle que tu poursuis. — Tombez, tombez-sur elle, bénédictions du ciel ! — Puisse la diligence de ce. sot être retardée par des traverses, et que sa fatigue soit sa seule récompense ! (Il sort.)

SCÈNE VI.

Le pays de GALLES. — Devant la grotte de BELARIUS.
Entre IMOGÈNE en habits de garçon.

IMOGÈNE. — Je vois que la vie d’un homme est une vie pénible : je me suis fatiguée, et deux nuits de suite la terre m’a servi de lit. Je serais malade, n’était que in a résolution me soutient. Milford, lorsque du haut de la