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Page:Shelley - Œuvres en prose, 1903, trad. Savine.djvu/27

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ŒUVRES EN PROSE

Je ne suis point un menteur si j’affirme en votre nom que, dans votre croyance, un protestant mérite tout autant que vous le royaume des cieux, s’il est vertueux tout comme vous, que vous traiterez les hommes en frères partout où vous les trouverez, et que la différence des opinions en matière de religion ne sera pas le moins du monde à vos yeux, un obstacle à la plus parfaite harmonie sur tout autre sujet. Ah ! non certes, Irlandais, je ne suis point un menteur.

Je recherche votre confiance, non point pour la trahir, mais pour vous enseigner à être heureux, et sages, et bons ! Si vous me refusez toute confiance, je m’en désolerai, mais je ferai tout ce que je pourrai faire honorablement, ouvertement, pour la gagner.

Certains vous enseignent que les autres sont hérétiques, que vous seuls êtes dans le vrai, certains vous enseignent que la droiture consiste en opinions religieuses, sans lesquelles nulle moralité n’est bonne. Certains vous diront que vous êtes tenus de révéler vos secrets à des hommes d’une certaine catégorie.

Montrez-vous défiants, mes amis, à l’égard de ceux qui vous tiennent ce langage.

Ils veulent, sans aucun doute, vous tirer de votre misérable situation d’aujourd’hui, mais ils vous en préparent une plus misérable, ce sera simplement tomber de la poêle à frire dans le feu. Vos oppresseurs actuels, il est vrai, cesseront de vous accabler, mais vous sentirez les coups cinglants d’un fouet manié par un maître mille fois plus sanguinaire