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ŒUVRES EN PROSE

ciel par le chemin que vous préférez, vous ne voulez pas arrêter vos compagnons de voyage, quoique la route choisie par vous soit différente de la leur. Croyez-moi, la bonté du cœur et la pureté de la vie sont des choses plus importantes aux yeux de l’Esprit de bonté, que ne le sont de vaines cérémonies terrestres, et des choses qui tendent à tout autre but que la charité.

Et est-ce sur le premier ou sur le dernier de ces points que vous et les protestants, vous êtes en querelle ?

C’est sur le dernier.

C’est avoir des préjugés que de disputer au bonheur et au bien-être de vos âmes des choses qui ne peuvent nuire à personne. On n’est nullement obligé de s’associer à ces rites.

Irlandais, les lumières ont fait plus de progrès que dans les premiers temps de votre religion. Les gens ont appris à penser, et plus il y a de pensée dans le monde, plus il y aura de bonheur et de liberté. Les hommes commencent maintenant à faire moins de cas de vaines cérémonies, et plus de cas des réalités. Ils sont sortis d’une longue nuit, et ils peuvent en apprécier l’obscurité.

Je ne connais personne de réfléchi et d’instruit qui ne regarde l’idée catholique du purgatoire comme bien plus rapprochée de la vérité que la doctrine de l’éternelle damnation selon les protestants. Pouvez-vous croire que les Mahométans et les Hindous qui auront accompli de bonnes actions en cette vie, ne seront point récompensés en l’autre ? Les Protestants croient que ces gens-là seront