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DE PERCY BYSSHE SHELLEY

vous abaissez à l’usage des mêmes armes que votre ennemi, vous vous mettez à son niveau à ce point de vue ; vous devez vous convaincre que sur ce terrain, il est votre supérieur. Mais dès que vous faites appel aux principes sacrés de vertu et de justice, comme l’épouvante le réduit à rien, comme la vérité le fait paraître sous ses réelles couleurs, et met dans le jour le plus lumineux la cause de la tolérance et de la réforme !

Ce n’est pas seulement vous, Irlandais, que j’envisage, ce sont tous les hommes sans distinction de croyance et de pays.

Soyez calmes, paisibles, réfléchis, patients ; souvenez-vous que vous ne sauriez travailler plus efficacement à la cause de la réforme qu’en employant vos moments de loisir à raisonner, ou à cultiver votre esprit. Réfléchissez, conversez, discutez ; les seuls sujets que vous devriez mettre sur le tapis sont ceux qui se rapportent au bonheur et à la liberté. Soyez libres et heureux, mais tout d’abord soyez sages et bons. Car vous n’êtes point absolument sages et bon. Vous pouvez le devenir un jour, et alors l’Irlande sera un paradis terrestre.

Vous savez ce qu’on entend par une cohue. C’est un rassemblement de gens qui, sans réflexion préalable, sans objet, se groupent pour manifester violemment contre une mesure qui leur déplaît. Une assemblée de ce genre-là ne saurait jamais faire que du mal ; des actes tumultueux retardent fatalement l’époque où la réflexion et le sang-froid produiront la liberté et le bonheur, et cela pour