Page:Shelley - Œuvres en prose, 1903, trad. Savine.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
26
ŒUVRES EN PROSE

quelque temps il n’existera plus. Alors le prince de Galles actuel sera roi. On dit qu’il a promis de vous rendre la liberté. En ce cas, le droit que vous tenez réellement de la nature ne vous sera pas refusé plus longtemps. J’espère qu’il s’est personnellement engagé à accomplir cet acte de justice, parce qu’alors il faudra l’obliger à tenir ses engagements.

Les rois ne sont que trop disposés à se dispenser de réfléchir sur ce qu’ils devraient faire ; ils croient que dans le monde tout est fait pour eux, alors qu’en toute vérité, ce sont les vices des hommes qui rendent ces gens-là nécessaires, et que leur seul titre à être rois est fondé sur le bien qu’ils peuvent produire.

L’avantage des gouvernés est l’origine et la raison d’être du gouvernement.

Le prince de Galles a eu toutes les occasions possibles de savoir de quelle manière il doit agir envers l’Irlande et la liberté. Le grand et bon Charles Fox, qui était votre ami et l’ami de la liberté, était l’ami du prince de Galles. Il ne le flatta jamais ; jamais il ne déguisa ses sentiments, il les exprima franchement en toute circonstance, et le prince tirait profit de sa conversation instructive. Il voyait la vérité et il la croyait.

Maintenant je ne sais que dire ; son entourage s’est dispersé ; il s’appuie sur un roseau brisé. Ses conseillers actuels ne ressemblent point à Charles Fox ; ils ne font point des plans pour la liberté, ni pour la sécurité, ni pour le bonheur, mais pour la gloire de leur pays.