Page:Shelley - Œuvres en prose, 1903, trad. Savine.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
DE PERCY BYSSHE SHELLEY

Or, Irlandais, qu’est-ce que la gloire d’un pays si on la sépare de son bonheur ?

C’est une lumière trompeuse suspendue par tes ennemis de la liberté pour attirer les irréfléchis dans leur filet.

Tels sont les hommes qui entourent le prince.

A-t-il ou n’a-t-il pas réellement promis de vous émanciper, sera-t-il ou non disposé à regarder la promesse du prince de Galles comme engageant le roi d’Angleterre ? C’est encore un sujet de doute. Du moins nous n’ayons pas de certitude absolue sur ce point, et vous ne sauriez y compter entièrement.

Mais il est des hommes qui, pour peu qu’ils découvrent quelque tendance vers la liberté, vont accroître, fortifier, régler cette tendance. Ces hommes qui possèdent avec un mépris raisonnable du danger, l’expérience d’exprimer la vérité, et de défendre la cause de l’opprimé contre l’oppresseur, — ces hommes voient ce qui est juste et veulent y arriver. Vous pouvez compter avec assurance sur ces gens-là ; ils vous aiment comme ils aiment leurs frères, ils sympathisent avec le malheureux, et ne s’enquièrent jamais si un homme est un Anglais ou un Irlandais, un catholique, un hérétique, un chrétien ou un païen, sans avoir tout d’abord ouvert leur cœur et leur bourse pour compatir avec le malheur et en soulager les besoins tels sont les hommes qui se rangeront toujours de votre côté.

Ainsi donc ne comptez point sur les promesses des princes, mais sur celles d’hommes vertueux et désintéressés. Ne comptez point sur la force des armes ou la violence, mais sur la force de la vérité