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ŒUVRES EN PROSE

des droits dont vous avez une part égale à celle des autres, dans les avantages et les inconvénients du gouvernement.

La crise à laquelle je fais allusion, comme à l’époque de votre émancipation, n’est point la mort du roi actuel, ni aucun autre fait dépendant des rois, mais une chose qui vous sera probablement beaucoup plus avantageuse. C’est le progrès en vertu et en sagesse qui amènera les gens à reconnaître que la force et l’oppression sont funestes et illusoires, et cette opinion, quand elle aura gagné du terrain, interdira au gouvernement la sévérité. Voilà ce qui rétablira ces droits que le Gouvernement a enlevés.

Refusez-vous à toute force, à toute violence, et les choses iront d’un pas sûr et régulier vers le véritable but.

Les ministres ont actuellement une très forte majorité dans le Parlement, et les ministres sont contre vous. Ils affirment ce mensonge que, si vous étiez au pouvoir, vous persécuteriez, vous brûleriez, et ils le justifient en disant que vous l’avez fait jadis. Ils affirment bien d’autres choses de ce genre. Ils commandent à la majorité de la Chambre des Communes, ou plutôt à la partie de cette assemblée qui est pensionnée et dont les parents sont pensionnés par le gouvernement. Naturellement ces gens-là sont contre vous, puisque leurs patrons le sont. Mais le sentiment du pays n’est point contre vous ; le peuple d’Angleterre n’est point contre vous ; il a pour vous une sympathie ardente ; sous certains rapports il partage vos sentiments.