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DE PERCY BYSSHE SHELLEY

Acquittez-vous de votre besogne avec régularité, avec promptitude, et quand elle est terminée, méditez, lisez, causez, ne dépensez pas votre argent à ne rien faire et à boire, car bien loin que cela avance vos affaires, il n’en résultera que du mal. S’il vous reste quelque chose, outre le nécessaire pour votre femme et vos enfants, employez-le à vous rendre utile aux autres. Mettez-les en mesure d’acquérir sagesse et vertu, car le plaisir que vous donneront ces bonnes œuvres vaudra bien mieux que la migraine occasionnée par une orgie de boisson. Et n’ayez jamais de querelles entre vous, soyez toujours aussi unis que possible ; agissez ainsi, et je vous promets la liberté et le bonheur.

Mais, si vous agissez d’une façon opposée, et que vous négligiez votre propre amendement, si vous continuez à employer le terme d’hérétique, si vous demandez à d’autres la tolérance que vous n’êtes pas disposés à accorder, vos amis et les amis de la liberté auront lieu de déplorer le coup mortel porté à leurs espérances. J’attends mieux de vous ; c’est pour vous-mêmes que je crains et que j’espère. Bien des Anglais sont prévenus contre vous, ils restent au coin de leur feu, et certaines rumeurs répandues habilement circulent toujours contre vous. Mais ces gens qui pensent mal de vous et de votre nation, sont souvent les mêmes qui, mieux informés, sympathiseraient le plus vivement avec vous.

Pourquoi ces bruits sont-ils semés ? Quelle en est l’origine ?

Ils tirent leur source de l’ardeur du caractère ir-