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ŒUVRES EN PROSE

landais, que les amis de la nation irlandaise ont jusqu’à maintenant plutôt encouragée que modérée. Elle les conduit, en cette époque où leurs griefs sont si vivement en lumière, à des actes qui excitent un juste mécontentement. Ils ont donc leur origine en vous-mêmes, bien que le mensonge et la tyrannie les amplifient savamment, et multiplient les occasions de blâme.

Ne donnez pas prise au blâme.

Je vais maintenant laisser de côté la question de l’émancipation catholique. Un peu de réflexion vous prouvera la justesse de mes remarques. Soyez sincères envers vous-mêmes, et vos ennemis ne triompheront pas.

Je ne redoute rien, si la charité et la modération caractérisent vos actes.

Tout est à craindre : vous-mêmes, vous ne mériterez pas qu’on vous restitue vos droits, si vous déshonorez par la violence une cause, qui est, je l’espère, celle de la vérité et de la liberté, si vous refusez à autrui une tolérance à laquelle vous prétendez pour vous-mêmes. Mais cela, vous ne le ferez pas.

J’y compte, ô Irlandais, persuadé que l’ardeur de votre nature se manifestera par l’accord avec les Anglais et ceux que vous traitez d’hérétiques s’ils ont de la sympathie, de l’affection pour vous aussi bien qu’en vengeant vos griefs et en travaillant à en supprimer la cause.

La flamme doit être dans le cœur et non sur les joues. La fermeté, la sobriété, la bienséance dans votre attitude extérieure, rien de cela n’indique la