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DE PERCY BYSSHE SHELLEY

En aucun cas, ne recourez à la violence ou au mensonge. Je ne saurais trop multiplier, exagérer mes efforts pour imprimer en vos esprits l’idée que ces procédés n’auront d’autre résultat que la misère et l’esclavage, qu’en même temps ils riveront les chaînes dont l’ignorance et l’oppression vous lient à la dégradation, et vous livreront à une tyrannie qui vous mettra hors d’état de renouveler vos efforts.

La violence rendra immédiatement votre cause mauvaise. Si vous croyez en une Providence divine, vous devez aussi croire à sa bonté. Et il n’est point probable qu’un Dieu compatissant voudra favoriser une cause mauvaise.

Le défaut de franchise n’est pas moins nuisible que la violence ; ceux qui ont contracté l’habitude de ces deux défauts, feraient bien de se corriger. Un brave menteur ne rendra jamais service à son pays ; il ne peut être un honnête homme. Les hommes, qui sont à la fois courageux et sincères, peuvent lutter avec succès contre la corruption, en unissant leur voix à celle d’autrui, ou se lever isolément, en une opposition intelligente, pour combattre les abus du gouvernement et de la société.

Pour peu que vous vouliez vous rendre utiles à vous-mêmes et à votre pays, des habitudes de sobriété, de régularité et de réflexion sont tout d’abord si nécessaires, que sans ces préliminaires, tout ce que vous aurez fait s’écroulera. Vous aurez bâti sur le sable ; assurez-vous de bonnes fondations, et vous élèverez un édifice capable de durer toujours, — et d’être pour le monde une gloire et un objet d’envie.