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pour la postérité, pour un peuple, el bien que leur pays, c’est désormais l’univers, et leur famille, les créatures douées de raison. Le souvenir de l’absent, l’intérêt que l’on porte à ceux qu’aucun lien ne rattache à nous, voilà une des grandes sources du sentiment qui engendre les occasions où l’amour du genre humain peut devenir éminemment utile et actif. Des sujets publics de crainte et d’espoir, de nature à s’harmoniser avec la souffrance commune, tels sont ceux auxquels le philanthrope se livrerait avec le sentiment le plus chaud, parce que ce sont d’ordinaire ceux-là qui exaltent les individus au-dessus de leur moi; car plus ils sont absorbés dans le sentiment public, plus la vision de leur avantage personnel s’étend pour devenir une vision générale. Selon qu’il se sent plus ou moins vivement uni de cœur à une nation ou à un monde, l’homme se regarde de moins en moins comme le centre vers lequel nous avons trop de penchant à supposer que tendent ou devraient tendre toutes les directions des affaires humaines. Je ne devrais pas faire ici la remarque banale qu’un motif égoïste influence, abêtit et dégrade l’esprit de l’homme, s’il n’en résultait pas que l’empressement à saisir les occasions où prédomine la tendance opposée, est un devoir que la philanthropie impose rigoureusement à ses adeptes, que des occasions de cette sorte sont les plus favorables pour conduire l’humanité à son bien en éveillant dans les âmes des hommes l’affection envers les intérêts de leurs semblables. C’est une plante qui croît
